Et si on vous disait que le Nouvel An que vous fêtez avec cotillons et feux d’artifice n’a rien à voir avec celui que célébraient nos ancêtres ? Que le vrai passage à la nouvelle année, au Burundi, se
marquait non pas au son des pétards mais sous la lumière d’une étoile annonciatrice ? Ce 31 janvier,entre chant, danse et transmission, la scène a vibré au rythme d’un passé fascinant et d’un avenir prometteur.
Car avant d’ouvrir le chapitre d’Umuganuro, nous avons assisté à une création qui aurait bien pu faire trembler Broadway : une pièce révolutionnaire mêlant danse contemporaine et chant, fruit d’ateliers d’expression corporelle et vocale menés par Audreille Sibomana et Bertrand Makobero dans le cadre du projet Intarazirakina. Et quel succès !
Cette soirée était plus qu’un spectacle, c’était un voyage. D’abord, dans l’énergie brute des corps
en mouvement, dans les voix qui s’élevaient, portées par un travail intense et une passion visible.
Une performance où tradition et modernité ont fusionné, prouvant encore une fois que l’art est un langage universel.
Puis, le voyage s’est poursuivi dans le temps, avec une plongée fascinante dans un passé que beaucoup connaissent mal. Umuganuro, fête royale par excellence avec l’aide du professeur Dénis Bukuru et Dr Christella Mariza Kwizera, était bien plus qu’un simple passage d’une année à une autre. Il était un moment de connexion profonde entre le peuple et le roi, entre la terre et les étoiles, entre les hommes et les dieux.
Car oui, si aujourd’hui nous fêtons le 31 décembre avec des résolutions (qu’on oublie dès le 2 janvier) et des « Bonne année ! » criés au hasard des foules, autrefois, au Burundi, la nouvelle année se lisait dans le ciel. Une étoile, annonciatrice du renouveau, marquait le début des festivités. Et puisqu’on parle de temps, saviez-vous que les Barundi ne comptaient pas 12 mois, mais 13 mois de 28 jours ? Ce qui donnait 364 jours… et un jour en plus, dédié à la clôture d’Umuganuro. Une sorte de « 31 décembre » sacré, mais avec une toute autre profondeur.
Burundi, l’univers entier ?
Mais là où la soirée a pris une tournure encore plus fascinante, c’est lorsque le professeur Dénis Bukuru a évoqué une idée pour le moins vertigineuse : le Burundi n’est pas qu’un pays, c’est l’univers.
Oui, vous avez bien lu. Si aujourd’hui nous parlons d’« Uburundi » pour désigner un territoire délimité sur une carte, dans la vision cosmologique ancestrale, Uburundi était tout. D’où l’expression « Imana y’i Burundi » et non « Imana y’Uburundi », car Dieu n’appartient pas au pays, mais le pays appartient à Dieu… et s’étend bien au-delà de ses frontières.
C’est ainsi que, quelle que soit la latitude, le Burundais se sent chez lui partout. Qu’il soit en
Australie, en Amazonie ou au Groenland, il reconnaîtra toujours une sente comme une « inzira
y’ikirundi », une herbe médicinale comme « umuti w’ikirundi ». Tout vient du Burundi, parce que le Burundi, c’est le monde.
Et la suite ? Préparez-vous à parler d’amour
Vous l’aurez compris, cette soirée n’était pas qu’un spectacle ou une conférence : c’était un acte de transmission, une redécouverte d’un héritage immense, souvent négligé, parfois oublié. Mais rassurez-vous, ce n’est que le début !
Le 21 février, un autre panel revient pour aborder un autre sujet aussi vaste qu’essentiel : l’amour.
Car si nous savons désormais d’où nous venons, il est temps de se demander… comment nous aimons.
Restez connectés, car cette année, chaque moment est une (re)connexion