Buja Sans Tabou est toujours prêt à nous faire voyager.
Il y a quelque chose de spécial à regarder une comédie romantique au cinéma. Il ne s’agit pas seulement de blagues, de scènes d’amour ou de punchlines, mais de l’expérience collective de partager ces moments avec d’autres. Jeudi dernier, Buja Sans Tabou, endroit idéal pour se détendre
et vivre des moments artistiques avec ses gradins et son fabuleux jardin, accueillait une projection tout simplement fantastique.
En franchissant ces portes, l’ambiance était déjà en effervescence. Le jardin était rempli de l’odeur du barbecue, de la bière, et des bavardages des cinéphiles enthousiastes. Les amis se regroupaient, riant de leurs propres blagues, tandis que les couples partageaient des secrets
chuchotés. Buja Sans Tabou, avec son charme d’antan, semblait presque vivant d’impatience.
Taane.
Les lumières se sont atténuées et la salle est tombée dans le silence. Le générique d’ouverture a défilé et dès la première scène, le suspense était palpable. Taane nous plonge dans l’histoire de femmes battantes, audacieuses, respectées par la communauté, des femmes entreprenantes
qu’aucune loi du gouvernement n’échappe. Fatouma Madalo DEMBELE, alias Taane, incarne ce rôle dans le village de Sénligué. De l’autre côté, un homme riche, passionné par le football et la politique, Salif DIABATE, est père d’une jolie fille, unique et bien éduquée, Zeinabou DIABATE. Il rappelle l’image d’un grand lion, prêt à tout pour protéger sa famille.
Taane, qui avait deux jumeaux, dans son grand âge, n’avait qu’une seule prière : voir ses petits-fils et mourir en paix. L’un de ses fils, Alassane DIALLO, avocat au caractère noble, mais au physique… disons peu convaincant selon Salif, est amoureux de la belle Zeina et prêt à la prendre pour épouse.
Le film, avec ses punchlines disséminées ici et là, provoquait un rire profond. L’énergie se diffusait dans la salle alors que des vagues de rires balayaient le public. Le film lui-même était un chef-d’œuvre, à la fois comique et romantique, rempli d’esprit vif et de scènes hilarantes.Prêtre, imam, mage, Taane avait une foi inébranlable en la force suprême. Chaque religion a sespropres piliers, mais elles sont toutes unies par la foi en un seul Dieu, créateur des cieux et de la terre.
Le jour de la demande en mariage, Salif était convaincu que sa fille unique ne prendrait jamaisAlassane pour époux, malgré son intelligence et sa richesse. Pour lui, un homme bossu n’était pas du tout idéal pour sa fille chérie. Malgré les pleurs et les soupirs de tout son entourage, y compris
de Zeina, il était décidé qu’Alassane, fils bossu de Taane, ne serait jamais son gendre.
Griot après griot, envoyé par Taane pour demander la main de la belle Zeina, rien ne pouvait impressionner ce vieillard furieux et aigri, capable de dégainer son fusil dès l’arrivée de ces messagers. Une femme ne devrait pas demander la main de sa belle-fille à la famille de celle-ci ;
malgré cela, Taane n’eut pas peur de se lever et de partir pour Abidjan. À sa grande surprise, l’homme était plus têtu qu’elle ne l’avait imaginé, mais elle était encore plus déterminée. Taane était prête à se battre pour que son fils épouse cette fille, belle comme une déesse.
« Moi, Malado DEMBELE, je sollicite auprès de Salif DIABATE, dit Monsieur Aigri, la main de Zeina DIABATE pour mon fils Alassane DIALLO. »
Une affiche était exposée dans les rues d’Abidjan, avec Taane assise à côté, comme preuve de sadétermination.
Comme cela arrive toujours dans les beaux films, la fin fut heureuse. Les deux jeunes gens furent
unis, respectant bien sûr les différentes religions pour le meilleur et pour le pire, grâce à la ténacitéde cette grande dame, Taane.
À la prochaine, cher Mali !
Mali, pays aux multiples religions, ce film avait pour but de rassembler tradition et modernité, touten offrant une image d’un monde empli de valeurs, de cultures et de croyances diverses, mais poursuivant un même but : aimer et être aimé.
En dehors de la romance, il existe une magie unique qui se produit lorsqu’une salle pleined’étrangers rit ensemble. C’est comme si, pendant quelques heures, tout le monde dans la salle était connecté, ses soucis oubliés, unis par la simple joie d’une bonne blague, et témoins d’un
mariage qui avait failli être brisé, juste à cause des conflits entre belles-familles.
Alors que le générique défilait et que le silence se brisait complètement, le public a applaudi enaccueillant l’auteur du film, Alioune Ifra N’Diaye. Nous sommes tous convaincus qu’il a su nous apporter suspense, amour interdit, rires partagés, évasion momentanée de la réalité, et sentiment
de communauté dans son chef-d’œuvre.
En quittant Buja Sans Tabou ce soir-là, j’ai ressenti une chaleur qui est restée en moi longtempsaprès la fin du film. Il ne s’agissait pas seulement de comédie et de romance ; il s’agissait de faire partie de quelque chose de plus grand, de joyeux. Le monde extérieur semblait un peu plus
lumineux, l’air un peu plus léger. Et je savais que cette soirée, ce film, resterait longtemps gravé dans ma mémoire.