Arrivée sur le bord du centre Akiwacu, émue par les aspects culturels qui le clôturent, des chansons en kirundi, en hindu…Oui. Même si on y comprend peu de choses, l’envie d’y rester et de contempler la magnifique culture que nous portons ne s’envole pas. Tellement excitée que je ne vois même pas le temps s’écouler. Et d’un coup, la première pièce débute.
“Ku nama”, Nise Bénitha Inininahazwe, Troupe 7 Ngoma
“Iwacu ni heza, hararyoha,
Iwabo w’intore, nzohatera igiti, igiti c’umurinzi ….
Iwabo w’imvyino,
Iwabo w’akaranga. »
Une chanson splendide ouvre la pièce, nous rappelant à quel point le Burundi est riche en beauté, en culture et surtout en humanité. Mais, comme on le dit souvent, « akaryoshe ntigahora mw’itama ». Tout le bonheur n’a pas hésité à nous quitter et à s’en aller sur la pointe des pieds.
Des cris, des larmes de sang, des funérailles, des orphelins, des veufs(ves) et un futur incertain. La guerre arrive, la désolation est là et personne n’a pitié de l’autre. La terre se transforme en un espace vide « proche d’un cimetière », comme l’exprime une des comédiennes sur le plateau.
Avec la pièce « Ku nama », le passé nous rattrape, consciemment ou inconsciemment, même ceux qui sont innocents dans l’histoire. Il affecte le plus grand amour d’une fille et un garçon prêts à se marier. Alors, comment échapper à une racine qui nous ramène petit à petit à la case départ ? Des faits comme la famille, l’ethnie et toutes sortes de divisions nous ralentissent et nous freinent à chaque fois. Finalement, “Ejo “ressemble à quoi ?
« INGUNDU Y’UMUGANURO », Rivardo Niyonizigiye
Après un temps de doute, de remise en question, dans l’intervalle de la première et la seconde pièce, nous nous demandons si nous nous souvenons réellement de notre identité. Si non, à qui la faute ? Par quel moyen remédier à cette faille ?
La seconde pièce vient comme un rappel, une alarme, révélant que c’est à moi et toi d’initier le changement qu’on aimerait voir, de ramener ces moments anciens quand Ibishema (les colons) ne nous avaient pas encore séparer, nous privant de notre croyance ” Kiranga c’umweru”, nous convaincant de nous méfier de notre médecine naturelle. Le pire est la maltraitance que nos grands-pères ont subie, quand ils faisaient des travaux lourds en leur faveur.
En fin de compte, voici que moi-même, Burundaise de souche, me retrouve à poser des questions concernant ma propre culture. Comme quoi, Buja Sans Tabou est également un endroit où l’on questionne le soi, où le découvre le soi et où l’on s’y attache.
Par Stecy Diella Irakoze