Buja Sans Tabou

Je m’apprête à vivre une belle expérience. J’en suis vraiment convaincue. Fidèle à moi-même, l’une de mes traditions est d’arriver en avance pour me familiariser avec l’endroit, les personnes, surtout s’il s’agit d’une nouvelle expérience. Donc, petite chemise blanche, pantalon palazzo noir, petites lunettes pour l’effet intello (les vrais savent !), petite eau de toilette discrète (on ne sait jamais, l’âme-sœur pourrait être dans la foulée) et c’est parti !

« D’un acteur… », Dieudonné Niangouna.

Dans la pénombre la plus profonde, s’élève une voix. Elle nous raconte la méduse qu’est le théâtre, avec ses différentes faces : l’une, sombre et décourageante et l’autre qui se veut être beauté. Nous pouvons sentir au fin fond de nos entrailles, toutes les émotions telles qu’elles sont présentées dans le récit car elles sont synonymes de notre quotidien : le refus, l’abandon d’un rêve plus grand que soi, la fuite du temps, les piques que l’on reçoit au quotidien … Tout ceci raconté avec un brin d’humour !

Sur une note parfaitement théâtrale (fait très normal puisqu’on est au théâtre), le monologue prend fin. Une ovation s’en suit directement (je tremble d’émotions) et là, pour clôturer la scène, Dieudonné Niangouna, auteur de la pièce se lève et se jette dans les bras de l’acteur (la cerise sur le gâteau pour nous arracher quelques larmes à nous les aigris). J’entends une voix féminine s’exclamer : « Hariho ibindi ? » (Il y’a une suite à ça ?) Comme quoi, au premier spectacle, nous étions déjà satisfaits de l’offre…

 

« La première danse politique », Josué Mugisha.

Dans un début mi-calme mi-mouvementé, la narration débute et la narration se clarifie (une manière soignée de dire que je n’y comprends A-B-S-O-L-U-M-E-N-T rien). De la danse, se dégage une synchronie envoutante et rythmée. Par des mimes et une représentation imagée, les danseurs nous peignent l’histoire du Burundi, avec tous les non-dits, les tabous, l’illustration d’un peuple qui n’arrive pas à se pardonner et les conséquences, la censure à différents niveaux de la société et toutes les émotions réfutées qui découlent de ces faits. Ironie et humour sont au rendez-vous pour décrire le ridicule et les failles de l’écosystème.

A la fin de cette danse poétique et intrigante où même ceux qui étaient confus auront retenu le mot « Ugurura » (ouvre), la foule ovationne les danseurs-acteurs pour tant : leur bravoure, la maitrise parfaite de la chorégraphie et du texte, la passion dans chaque acte posé et le pansement de certaines plaies béantes. Les yeux des plus jeunes brillent et expriment différentes émotions, différents messages. L’un de ces derniers est : « Quand je serai grand, je serai comme Josué le chorégraphe… »

Et alors ?

Ceci n’est qu’un aperçu de ce qui va se passer cette semaine. Au cours de cette dernière, les acteurs, lecteurs et danseurs vont nous faire voyager et rencontrer titans, vents et merveilles. Prenez soin de consulter le calendrier pour mieux connaitre la route à prendre. Au pire, si vous en ratez un, réservez du thé, du pop-corn et un endroit calme pour lire la récap’ !

Par Elsa Marina SYVINE

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