Ce vendredi 18 août 2023, vers 18h30′ les locaux du centre culturel Buja Sans Tabou, (un espace d’expression artistique multidisciplinaire, ouvert au public, et bien connu à Bujumbura principalement pour son engagement et son dévouement dans la promotion et la vulgarisation de l’art dramatique universel, accessible à tous et localisé en plein cœur de Kabondo ; Avenue Rukonwe) ont abrité une excellente et magnifique exposition scénographique, fruit d’un travail acharné qui s’est étalé sur 10 jours en amont, dans le cadre du projet ” Intara Zirakina ” ( en partenariat avec Brot Fur di welt) qui prépare aussi également la venue à grands pas, de la 6e édition du festival itinérant de théâtre de Bujumbura portant le même nom que le centre culturel : Buja Sans Tabou, et dont la thématique retenue pour cette nouvelle édition prévue sûrement au début du deuxième mois de l’année prochaine, n’est rien d’autre que le concept polysémique ” Ejo ” ; en Kirundi, qui signifie : Hier, ou demain.
Ejo est une plongée dans le passé de l’homme, tout comme une projection dans le futur. Ce futur souvent incertain, ce passé souvent douloureux pour certains mais il quitte à tout prix garder le sourire et prendre en compte les rebondissements du présent souvent agacé par d’innombrables questions auxquelles l’homme doit toujours faire face.
Pour Freddy Sabimbona, directeur artistique de BST, il est d’abord question de former une nouvelle génération de scénographes, jeunes qui doivent assurer la représentativité du métier à l’instar des comédiens, metteur en scène et auteur aussi bien dans la capitale que dans l’intérieur du pays, en provinces.
Ainsi, la soirée de ce Vendredi 18 août a été une occasion unique que Buja Sans Tabou a offert aux artistes pour restituer une bonne partie de ce qu’ils ont appris durant les 10 jours intense d’apprentissage des rouages du métier de scénographe, de la gestion des scènes et aussi de l’aménagement des décors scéniques. Sous la direction de Dorine Munezero, qui a suivi durant tout le long de l’atelier les activités selon les différents thèmes abordés avec brio et savoir-faire à commencer par la création de bînomes entre les participants :
1. Marie Irakoze La Douce et Nzeyimana Pierre-Dominique, qui ont présenté leur premier concept : Le regret dans le passé.
Sur scène, on observait une chaise suspendue dans le vide à côté d’une porte donnant, sur une autre chaise, en bon état et bien disposée autour des fleurs et d’une lumière bien réussie tout autour.
Pour eux, c’est le symbolisme de l’homme suspendu dans ses décisions, qui s’ouvre au changement à travers ses relations, notamment à côté de la femme, car personne n’est heureux seul, il faut toujours prendre de l’espoir autour des gens auxquels nous devons nous appuyer pour mieux avancer dans la vie. L’homme est un nœud des relations dit-on, et il ne peut sortir des tribulations qu’à travers ses semblables.
2. Ibunavyose Don-Jospin et Manirakiza Franck, nous ont présenté cette fois un tout autre concept : ” Épollution ” qui est un mot valise reprenant : évolution et pollution.
Leur installation représentait la terre qui vieillit et dont l’environnement se dégrade et s’éffondre à cause de la pollution de l’homme et son industrialisation effrénée qui oublie souvent l’apport de l’écosystème qui influence aussi l’évolution de la planète. Les continents vieillissent à cause de la négligence et de son egoïsme qui se fout souvent des appels de la nature, et les conséquences de cet abandon et négligence en seront désastreuses selon les scénographes.
3. Le mystère de l’œuf, dans la logique de l’évolution présenté par Christ-Alain Kaluya et Mathilde Niyitunga .
Deux scénographes, dans un décor magnifique à l’intérieur du centre, ont bel et bien exposé une scène représentant un œuf, comme pour nourrir la curiosité du public quant au symbolisme de l’évolution de l’homme, des animaux et de tous les êtres vivants au sens large.
Baptisé : la fragilité de l’œuf, il a été question de se poser d’innombrables interrogations sur l’image du Burundi de demain.
Serait-ce une affaire de tous ? L’évolution de notre société ou bien le développement de nos pays nécessiterait-il une appropriation personnelle des différentes réalités qui nous incombent ?
4.Irakuza Nerée-Sariel et Donald Molisho, nous ont presenté un tout autre concept : Éphémère.
Une scénographie représentant une famille faisant son pique-nique à côté d’une pierre tombale, aux cimetières.
Pour ces artistes, la vie est courte et rien ne peut ébranler la cohésion sociale qui doit s’étendre aussi dans tous nos rapports à travers le temps qu’au travers des moments de convivialité où il faut aussi prendre le temps de s’asseoir, en groupes pour goûter aux délices de la vie, qui est aussi brève et qui ne doit pas souffrir de monotonie.
5.Shurweyimana Fabrice et Ninette Inkamiyayera , nous ont présenté un tableau réalisé à partir des différents motifs représentant les années de guerre et tous les cycles de violence au Burundi, depuis la première guerre civile jusqu’au contexte politique actuelle et la ligne rouge n’était rien d’autre qu’un appel à la prise de conscience collectif, la clé pour un Burundi plus vivable.
Pour ces artistes, tout doit partir de l’ethnicité, mais aussi cette compréhension doit inviter l’homme, au vivre ensemble avec ses semblables.
Ainsi, il faudrait s’affirmer en tant que citoyens au travers l’unité (Ubumwe) l’une des 3 devises que prône les armoiries du pays.
6. Stecy Diella Irakoze et Jerry Ruhangamura , nous ont présenté quant à eux le concept IGICANIRO, du blanc au noir ; une scénographie représentant la famille Burundaise à travers les âges.
Hier, on discutait autour du feu dans nos familles ; mais aujourd’hui cette ambiance a été remplacé par les smartphones, qui nous font souvent oublier la place des conversations positives dans nos familles, à cause d’un acharnement subversif de l’homme a toujours oublié ce qu’ont été nos valeurs d’antan.
Un slam a bel et bien accompagné cette exposition, autour du feu. IGICANIRO, comme c’était aux origines ainsi doivent toujours continuer nos rapports familiaux autour des anciennes valeurs morales d’antan. Ce n’est pas un refus catégorique de vivre aussi dans la technologie, mais juste que cette même technologie là, ne doit pas nous éloigner de notre passé.