Malgré la pluie et le froid, deux prestigieux invités nous ont tenu au chaud. On a parlé de la femme et nous avons appris sur l’institution des Bashingantahe. Cette Rencontre sur “Mémoires” de ce Vendredi le 19 juin était une occasion de revenir sur/dans le passé, de l’interroger et de le confronter.
Permettez-moi de vous présenter les invités : Dr Christine Mbonyingingo, brillante universitaire, Présidente de l’Union des Femmes Burundaises et descendante de la Reine Ririkumutima (nous reviendrons sur ce point en dessous). Nous avons eu l’occasion d’avoir avec nous l’Ambassadeur Balthazar Habonimana, ancien Haut-Fonctionneur de l’État, il fut Gouverneur de la Province de Bujumbura, Ministre de la Jeunesse, des Sports et de la Culture, Ambassadeur Plénipotentiaire du Burundi à Rome et à Bruxelles, il est aussi Spécialiste des questions sur le genre. Il eut à occuper la Direction du Conseil des Bashingantahe au niveau national pendant douze ans.
Vous me demanderez peut-être pourquoi avoir mentionner presque le CV des invités ? Je vous répondrai qu’on ne pouvait pas trouver mieux pour le sujet qu’ils ont eu à décortiquer pour nous l’assemblé présente. D’ailleurs mentionnons ce sujet:”L’institution des Bashingantahe et la place de la femme dans la prise de décision”.
Et c’est quoi l’institution des Bashingantahe ?
Le Mushingantahe Habonimana Balthazar nous a parlé en long et en large ce que c’est l’institution des Bashingantahe. En peu de mots, selon lui :” Les Bashingantahe (singulier: Mushingantahe) sont des notables coutumiers investis au niveau de chaque colline. Traditionnellement, ils sont chargés de la gestion et la prévention des conflits.”
Mais il existait un hic dans cette institution. Aucune femme n’y était admise dans le Burundi ancien et il a fallu jusque en l’an 2002 pour pouvoir, après une longue délibération, accepter l’intégration des femmes. La tradition l’interdisait mais les hommes ont vu que la femme doit avoir la place dans n’importe quelle institution du pays. Était-ce une victoire des femmes sur le poids de la tradition ?
Peut-on confronter la tradition ?
Avec Dr Christine Mbonyingingo, nous apprendrons que l’Union des Femmes Burundaises verra le jour en 1967 mais à l’époque coloniale aussi, des femmes avaient pris le devant pour défendre la cause de la femme. Elle raconte que des femmes ont prit la direction pour Gitega afin de demander au résident de l’époque Harroy, de leur accorder plus de place dans les affaires du pays. De ce fait, nous pouvons voir que les femmes ont toujours pris en main leur destin avant même l’indépendance.
D’ailleurs, la cause féminine au Burundi n’a pas vu le jour il y a quelques années. La Reine Ririkumutima qui était Régente a ordonné que le rôle de Mujawibwami, une femme qui venait étant nue le jour de la fête des semailles (Umuganuro) pisser pour chasser les gens, soit supprimé. La Reine jugeait que cette tâche dégradait l’image de la femme.
Les traditions ne sont pas éternelles, elles changent et évoluent avec le temps. Si aujourd’hui, les femmes peuvent être des Bashingantahe (on les appelle des Bapfasoni), cela n’était pas le cas il y a une cinquantaine d’années, ça aurait été même un crime de lèse-majesté de leur laisser prendre partie dans les règlements des conflits.
Un pays qui reste sur ses traditions se meure, un pays qui ferme les portes aux femmes est voué à disparaitre. Sans les femmes on va nulle part, surtout pour la société burundaise où les femmes tiennent une grande place dans l’économie du pays. Il faut toujours confronter les traditions sans pour autant se précipiter, c’est un processus. Peut-être d’ici quelques années, nous verrons les femmes avoir le droit à l’héritage ?
Marc le grand
C’était magnifique le débat