Pourtant j’étais avisé, une tragédie ne passe jamais sans heurter. Si le public a été heurté, moi je fus tout simplement bouleversé.
Tout le crédit va à Olisaint jeune professeur de danse à l’Ecole Française de Bujumbura. En effet, ce n’est pas souvent qu’on voit un spectacle réunir plusieurs groupes de danses autour d’un thème unique et il l’est surtout lorsque c’est un seul danseur qui, inspiré, invite des groupes de danses, à le rejoindre dans son aventure.
N’est-ce pas ce bon Monsieur Robert qui donne la définition du mot “Tragédie” dans le monde du spectacle comme quoi :” Une tragédie, c’est une œuvre dramatique (surtout en vers), représentant des personnages illustres aux prises avec des conflits intérieurs et un destin exceptionnel et malheureux ; genre de ce type”?
J’étais alors avisé en avance avant d’arriver au siège de Buja Sans Tabou rien qu’en voyant le titre du spectacle. Je me rappelle qu’à l’école secondaire, notre cher professeur de français nous a appris que dans une tragédie, une ou plusieurs personnes meurent. L’exemple de “Le Cid” de Corneille reste dans ma tête. Cher Audifax, merci pour ces belles leçons sur la Littérature Française.
Quel plaisir de trouver que le thème était bien respecté. Le noir omniprésent sublimée par une scénographie conséquente et des notes musicales s’échappant de la régie pour accompagner la séquence. “Ainsi valse la vie” de Black M est resté dans ma tête, un titre qui contient des paroles tristes.
Ce n’était pas un spectacle de joie, loin de là même.
En effet, Tragédie, c’est une histoire réelle. Une famille qui a fait face à un évènement malheureux. Une mère, sa fille et son petit-fils ont eu un accident. La mère n’a pas survécu. Le fils étant un élève d’Olisaint a eu sa jambe et son bras cassés. Se rendant à l’école pour donner son cours, Olisaint l’a croisé dans un fauteuil roulant et ce dernier a tenté de savoir ce qui s’était passé. C’est ainsi qu’il a su la “tragédie” qu’a vécu cette famille.
Olisaint artiste dans l’âme est rentré chez lui, a vomis dans son agenda le spectacle, qui m’a ému, a fait couler mes larmes qui pourtant sont cachées au plus profond de moi.
Tragédie, c’est aussi une histoire d’Olisaint. Comme pour se libérer d’un malheur qu’il porte en lui (j’ai eu une brève discussion avec lui à la fin), son spectacle était en quelque sorte une façon de se guérir et il ne connait pas une autre meilleure thérapie que la danse, l’art.
Tragédie, c’est aussi une histoire à moi ou presque. J.K , la fille qui a perdu sa mère et dont le fils a été gravement blessé, est une amie à moi. Je me rappelle que quelques semaines après “la tragédie” qui lui ai tombé dessus, je l’ai croisée avec son fils, qui était sur une chaise roulante. Nous avons discuté, j’ai demandé ce qui s’était passé et elle m’a en peu raconté le malheur.
À la fin du spectacle, j’ai retrouvé J.K, chaleureuse et accueillante comme à son habitude. Nous discutons en peu et elle m’avoue que le spectacle d’Olisaint a été un remède pour elle. Elle me murmure :“De là où se trouve ma mère, je sais qu’elle a pleuré aussi.”
Comme quoi, l’art est un remède pour panser les plaies les plus profondes.
Tous les spectateurs qui étaient à la première de Tragédie se sont retrouvés dans le spectacle, dans l’histoire. Qui n’a pas fait face à une tragédie dans sa vie ?
Tragédie à travers des pas de danses nous a parlé à nous tous.
Mais Tragédie n’était pas qu’une histoire triste, c’était aussi un message d’espoir. Et ce duo de deux très jeunes rappeurs, qui a fait son texte m’a ému de par son talent mais aussi par le message qu’il a partagé. Je me rappelle de ce passage :“Ça ira…”
Tout ce qui se passe dans nos vies, les malheurs, douleurs, les tragédies, ça ira.
Arakazandoruwanka Christophe Armel
Oui. Le spectacle peut être un remède efficace même pour les plaies et blessures intérieur profondes car le victime d’un événement douloureux trouve une occasion d’en pleurer,d’en prendre conscience et de se sentir compris à travers l’œuvre artistique….